Après avoir publié un billet hommage le lendemain de son décès sur le site de l’hebdomadaire Réforme, j’aimerai aujourd’hui vous proposer une sélection de quatre de ses films qui m’ont particulièrement marqué. Des films qui font sens et qui allient divertissement à une dimensions sociologique. C’est un cinéma que j’apprécie et que je voudrai vous faire découvrir.

4- La vie très privée de Monsieur Sim

Mêlant habilement comédie douce amère et chronique sociale sur la solitude, La Vie très privée de Monsieur Sim est une sorte de road movie aussi désabusé, mélancolique et nostalgique qu’il est sensible, drôle et touchant. Invitant chaque spectateur à réfléchir sur sa propre existence, un film qui arbore toute une palette de sentiments : le regret, l’espoir, l’amitié avec humour et gravité sans jamais être ennuyeux.

À noter l’apport de la musique mélancolique tout en finesse, que Vincent Delerm a composée, qui sert on ne peut mieux l’ambiance et les propos du long métrage.

3- Le sens de la fête

Après Samba , le tandem Tolédano / Nakache revenait à ce qui a fait leur succès : la comédie chorale avec un film sur l’esprit d’équipe, la solidarité ainsi que l’intégration. Bref, une comédie qui fait rire et sourire mais pas que.

Le Sens de la fête est un véritable bijou, dense, mais surtout vraiment drôle avec des personnages truculents. Tolédano/Nakache ont su éviter de tomber dans les clichés, tant dans le profil des invités à la fête que ceux du personnel, mais aussi des situations sur une thématique habituellement truffée de lieux communs.

Et puis, enfin, il y a Jean-Pierre Bacri qui y est carrément impérial. Typiquement on sent dans son interprétation toute son humanité et ses failles qui faisait de lui le râleur le plus humain et le plus attachant du cinéma français.

2- Grand froid

Tout d’abord, d’un point de vue général, Grand froid est un film qui a du style et ça c’est déjà énorme. Il y a un parti pris, des choix de réalisation, une vraie patte artistique, celle de Gérard Pautonnier, un réalisateur issu du milieu de la publicité. Pas un plan n’est gratuit, tous sont pensés puis construits suivant le développement du film.

En filigrane de ce Grand froid, la mort, toujours la mort et encore la mort ! Elle est omniprésente, de toutes les conversations, de tous les sous-entendus. Et finalement, c’est bien là tout le génie du film : la mort, si elle est une fin en soi, n’est pas grave. Elle est constamment théorisée, remise en question par des personnages qui n’y font même plus attention, puisqu’elle est par ailleurs leur gagne-pain. La mort est impitoyablement – mais joyeusement – montrée dans sa dimension la plus absurde : après tout, qu’est-ce que la mort sinon l’absence de vie ?  Bacri ira même jusqu’à tuer un mort… Lourd de sens tout ça et c’est bien là tout l’intérêt de cette comédie pas juste drôle.

1- Le goût des autres

Énorme succès commercial et critique à sa sortie en 2000 : plus de 3,5 millions d’entrées et de nombreuses récompenses aux césars en 2001 (quatre prix pour neuf nominations plus précisément), mais aussi à l’étranger jusqu’à une nomination aux oscars en 2001. Ce succès a consacré sa réalisatrice, Agnès Jaoui, qui réalisait alors son premier film ainsi que le duo de scénaristes, Jaoui – Bacri qui s’étaient déjà illustrés par deux scénarios précédents, au point de transformer un surnom que leur avait auparavant donné le cinéaste Alain Resnais en un label médiatique les Jabac, synonyme d’une nouvelle façon de faire un cinéma adoptant un point de vue décalé et critique sur la société française, au croisement du cinéma d’auteur et du cinéma populaire.

Si l’humour est un élément incontournable du film, comme dans la plupart de ceux dans lesquels joue Bacri, Le gout des autre c’est d’abord et surtout une magnifique observation de la société, des rapports humains. Les Jabacs y décrivent une société très recluse sur elle-même où chaque geste, chaque mot nous enferment dans les stéréotypes que s’imaginent chacun. L’interprétation parfaite des comédiens, servie par des dialogues qui font terriblement mouche, nous renvoient constamment à nos préjugés. C’est ce que l’on peut appeler une comédie intelligente et pertinente.