17 janvier 2021 : Jean 1.35-42 – Les premiers disciples chez Jean

La quête et la demeure

Introduction

Dans le récit précédent, Jean a reconnu que Jésus était celui qu’il avait annoncé, celui dont il n’est pas digne de dénouer la lanière de ses sandales, celui qui baptise dans l’Esprit alors que lui ne pratique que le baptême d’eau.

La suite logique de ces annonces est que certains de ses disciples vont s’intéresser à Jésus. Notre passage évoque le passage des premiers disciples qui étaient avec Jean et qui changent de maître pour suivre Jésus.

Lorsque des membres d’un groupe quittent le navire, c’est toujours un épisode douloureux

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Agneau de Dieu

Dans le passage précédent, Jean avait déjà dit de Jésus qu’il était l’agneau de Dieu. Il le répète ici. L’image de l’agneau a plusieurs significations.

Il évoque l’agneau pascal qui symbolise la libération au temps de l’exode. À la différence des autres évangiles qui font du dernier repas de Jésus un repas pascal, dans la chronologie de Jean, Jésus est crucifié le jour de la Pâque, au moment où des milliers d’agneaux sont sacrifiés dans le temple de Jérusalem.

L’agneau est une image messianique dans les chants du serviteur souffrant : Maltraité, affligé, il n’a pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche. (Es 53.7)

Enfin nous retrouvons dans la littérature johannique le symbole de l’agneau immolé dans le livre de l’Apocalypse qui met en scène l’opposition de l’agneau et du dragon, et contre toute attente, à la fin l’agneau est plus fort que le dragon.

La place d’André

Le récit parle de deux disciples bien connus : André et Pierre. Contrairement aux évangiles synoptiques, c’est André le plus important. C’est lui qui conduit son frère à Jésus, et c’est lui qui le premier confesse que Jésus est le Christ.

Jean désigne Jésus comme l’agneau de Dieu, et André déclare : « « l’agneau est le Christ », ce qui est la grande annonce paradoxale qui fonde la foi chrétienne : le Christ qui est le sauveur du monde est un agneau.

Dans l’histoire de l’Église, André est considéré comme le fondateur de l’Église de Constantinople qui est le berceau de l’Église orthodoxe, laquelle Église accorde une place particulière à l’évangile de Jean. Nous trouvons une filiation entre André, la littérature johannique et l’Église orthodoxe.

Pistes d’actualisation

Que cherchez-vous ? La foi comme quête

Lorsque Jésus accueille ceux qui seront ses premiers disciples, il leur pose la question : Que cherchez-vous ? Cette question définit la foi non à partir de la certitude, mais de la quête.

La quête se situe comme une alternative entre le scepticisme et le dogmatisme. Le sceptique ne cherche pas car il pense qu’il n’y a rien à trouver et le dogmatique ne cherche pas car il pense qu’il sait tout.

Être un homme, une femme, de foi revient à ne jamais éteindre la quête de Dieu, à toujours être en recherche. Le grand commandement de la Bible n’est pas : Crois !, mais : Écoute ! Celui qui écoute sait qu’il ne sait pas, il est en quête.

Où demeures-tu ? La foi comme demeure

Jésus interroge les disciples de Jean pour savoir ce qu’ils cherchent, et ils répondent où demeures-tu ? Les disciples ne demandent pas Jésus son adresse, mais quelle est sa demeure intérieure.

La demeure comme façon d’exprimer la foi se retrouve dans le quatrième évangile : Demeurez dans ma parole ; demeurez en moi ; demeurez dans mon amour, dira plus tard Jésus à ses disciples (Jn 8.31 ; 15.4 ; 15.9).

Puisque le récit se situe après le baptême de Jésus, on peut se souvenir que Paul évoque le baptême en thème de vêtement (Vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3.17).

Nous avons dit que la foi était une question de quête, c’est la quête d’une demeure, d’un vêtement.

Le changement de nom, de Simon à Pierre

Le nom Simon signifie Dieu a entendu, il est fils de Jean (Dieu fait grâce), il devient Simon la pierre, le rocher, le roc, celui sur qui on peut bâtir. En Christ, il a trouvé sa vraie vocation, sa vraie personnalité.

Dans la Bible, chaque fois qu’un homme change de nom, c’est qu’il accède à une réalité nouvelle. Un des fondements de la foi chrétienne consiste à croire que Jésus nous connaît mieux que nous-mêmes. Il nous connaît par notre nom, non pas le nom par lequel on nous appelle, mais notre nom le plus personnel, le plus intime, celui qui fait de nous un être unique. En Christ, je suis moi, je suis libéré de la comparaison, je suis aimé tel que je suis.

Une illustration : la symbolique de l’agneau

Comme illustration, je voudrais revenir sur la symbolique de l’agneau.

Dans la nature, Dieu a donné à chaque espèce animale les moyens de se protéger de ses ennemis. Le renard se terre dans son terrier, le caméléon se camoufle, le hérisson se hérisse, l’oiseau vole, le lion n’a peur de personne, le serpent mord, la gazelle court vite et le lapin est prolifique.

Un seul animal n’a aucune défense, l’agneau qui n’a aucune chance de survie dans le combat de la vie. Et pourtant il a survécu à la sélection des espèces et il est toujours là. Comment comprenons-nous qu’il soit un symbole du Christ ?

Pour aller plus loin :
Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Jean 1, 35-42 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-14-janvier-premiers-disciples-de-jesus/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis