25.07.2021 : Jean 6.1-15 – Jésus multiplie les pains

Jésus nourrit une grande foule

Introduction

Dans les autres évangiles, le récit de la multiplication des pains se situe à un moment où Jésus souhaite se retrouver seul avec ses disciples. Chez Marc et Luc, les apôtres viennent de le rejoindre après leur première mission et ils décident de se retrouver dans un lieu isolé pour en parler (Mc 6.30-31, Lc 9.10). Chez Matthieu, Jésus se retire, car il vient d’apprendre la mise à mort du Baptiseur (Mt 14.13). Ici, Jésus s’est retiré seul dans la montagne avec ses disciples. Dans tous les récits, la foule est importune.

Nous pouvons aussi relever que l’épisode se situe sur l’autre rive de la mer, en territoire païen. C’est chez des étrangers que Jésus va poser un nouveau signe.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : L’herbe verte

Pour nourrir la foule, Jésus demande à ses disciples de l’installer sur l’herbe verte. La mention de l’herbe donne un côté champêtre à la scène. On a l’impression que Jésus demande à des convives de se mettre à table pour un pique-nique à la campagne. L’herbe est peut-être une allusion au Psaume 23 : Il me fait coucher dans de verts pâturages (Ps 23.2), ce qui donne une dimension messianique à ce récit.

Titre : Douze paniers

Les restes du repas remplissent douze paniers, un par apôtre. C’est la foule qui est nourrie, mais ce sont les disciples qui sont à l’école de la confiance. C’est à chaque disciple de comprendre que le Seigneur prend soin de sa nourriture… et qu’il y a même des restes.

Pistes d’actualisation

1er thème : La proximité de la Pâque

Il y a quelques semaines, nous avons médité le récit de l’institution de la cène qui a eu lieu au moment de la fête des pains sans levain, c’est-à-dire la fête de la Pâque. Dans ce récit aussi il est dit que la fête de la Pâque était proche. Cette proximité est renforcée par le verbe rendre grâce qui se dit eucharisteô qui a donné eucharistie en français. La succession des verbes – prendre le pain, rendre grâce, distribuer – renforce le rapprochement avec les récits d’institution de la cène. Nous sommes dans le quatrième évangile qui, lors du dernier repas de Jésus, ne parle pas du don du pain et du vin mais raconte le lavement des pieds. C’est donc le récit de la multiplication des pains qui fait office d’institution de la cène.

La cène est le signe du don de la vie du Christ, mais elle évoque aussi l’action de grâce et Jésus qui nous donne notre pain de chaque jour.

2e thème : L’école de la confiance

Jésus joue avec ses disciples en leur demandant où ils pourraient trouver du pain pour nourrir la foule. Il veut les enseigner à l’école de la confiance. En nourrissant la foule, il met en pratique le verset qui dit : « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6.3).

Ce verset est vrai. Aujourd’hui, à l’âge que j’ai, je ne dis pas que j’ai toujours cherché le règne de Dieu, mais je dis que j’ai toujours reçu mon pain quotidien.

3e thème : La prière de Jésus

Jésus a cinq pains et deux poissons dans les mains et il a devant lui une foule de cinq mille hommes. Il faut prêter attention à sa prière. Il ne demande pas à Dieu de multiplier les pains, il rend grâce pour les pains qu’il a. Il a confiance que le peu qu’il a entre les mains sera suffisant pour nourrir la foule.

Il n’a pas transformé les pierres en pain, mais les pains en pains. C’est à chacun de nous d’apporter les pains dont il dispose, de rendre grâce pour le peu qu’il a et de s’enraciner dans la confiance que ce sera suffisant pour nourrir les foules.

Une illustration : Jésus fuit la foule qui veut le faire roi

Impressionnée par la multiplication des pains, la foule veut faire de Jésus son roi. Ce serait tellement bien, s’il dirigeait le monde : on n’aurait plus besoin de se fatiguer pour se procurer sa nourriture.

L’attitude de la foule rappelle celle du diable qui, lors des trois tentations au désert, a proposé à Jésus de transformer les pierres en pain – gouverner les foules – fasciner les foule en faisant un beau miracle.

Jésus refuse cette royauté, il ne veut pas nous faire sortir de l’économie et des contraintes de notre monde. C’est du creux de notre monde, de sa faim et de ses combats, qu’il nous invite à le retrouver.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 6, 1-15 : https://campusprotestant.com/video/jesus-nourrit-une-grande-foule/ 

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis