Éric Thimel dirige le Secours Catholique du Gard et pilote le réseau Anaïs qui rassemble une quarantaine d’associations nîmoises d’action et d’intervention sociales. Dans cette intervention à la Convention du Forum à Nîmes le 1er décembre, il détaille les difficultés des associations sur le terrain mais interprète cette « période de recul des droits sociaux » comme l’occasion pour les citoyens d’exercer plus qu’auparavant (lorsqu’il semblait que l’on pouvait s’en décharger sur l’État et les institutions) leur fraternité dans notre société.

Moins de solidarité nationale peut contribuer à recréer de la fraternité. Et cela peut être une chance. Mais ce ne sera une chance que si les formes de solidarité évoluent de l’aide vers l’entraide.

Des droits qui reculent

C’est vrai : aujourd’hui, l’État providence est moins protecteur. Et je vais ajouter quelques aspects qui ressortent d’une enquête menée cette année sur la protection sociale par le Secours Catholique où on constate un niveau très élevé de non-recours au droit. Le non-recours, c’est le fait d’avoir droit à une aide et de ne pas la demander. Ce n’est pas le fait de ne pas l’obtenir, c’est le fait de ne pas la demander. On constate que 25 % des gens, des couples ou des ménages qui ont droit à des allocations familiales n’en font pas la demande. C’est le cas, dans 33 % des cas pour le RSA. 30 % pour la CMU complémentaire, 68 % pour le tarif première nécessité de l’électricité, 50 à 70 % pour les tarifs sociaux dans les transports urbains. En gros, ça fait 10 milliards d’euros qui ne sont pas […]