Par Caroline Raspaud-Cousinié, pasteure dans l’Ensemble des vallées cévenoles

Le cadet, un lien affectif

Le fils cadet souhaite être indépendant et demande son « ousia », traduit par « être », à son père pour partir vivre ailleurs. Celui-ci, sans refuser et sans le posséder, lui offre « des moyens », « le bios ». Les deux expérimentent leur manque. Le fils manque de quelque chose et le demande à son père, et le père n’a pas ce que le fils lui demande.
Ce fils partit et dilapida tout au point de perdre sa raison d’être ! Finalement, il n’est pas parti indépendant, mais simplement en déplaçant sa dépendance envers quelqu’un d’autre. Au fond, il attendait toujours qu’on lui donne ce dont il avait besoin pour vivre. Arrivé ensuite à un point de mort, il prit en conscience sa condition et se mit à reconnaître son manquement, décida de se relever de cet état en se mettant en chemin vers la maison de son père !
Le père, ému aux entrailles, sortit et se jeta au cou de son fils. Il reconnut qu’il était mort et qu’il est revenu à la vie ! Sans paroles du fils, une fête joyeuse se prépare, car le fils a ressuscité !

L’aîné, un lien de devoir

L’aîné est en colère et murmure, ce même verbe était utilisé dans la bouche des pharisiens pour faire trébucher Jésus ! Il exprime une injustice.
Il préfère couper la relation avec son frère en disant à son père « ton fils », estimant qu’il n’avait pas reçu autant de reconnaissance, étant resté auprès de son père durant tant d’années. Lui qui au fond vivait une convoitise secrète, dissimulée sous l’obéissance extérieure ! Sa vie, il la vivait comme un labeur et une soumission, et il n’avait pas eu droit, lui, à ce festin !
Quelle que soit la relation entretenue avec le père, celui-ci part vers chacun de ses fils à leur rencontre, l’amour n’a pas de conditions