21 mars 2021 : Jean 12.20-33 – Si le grain ne meurt

Si le grain ne meurt

Introduction

Il faut entendre ce passage en lien avec ce qui précède. Au chapitre 11, Jésus relève Lazare d’entre les morts comme signe pour appuyer l’affirmation qu’il est la résurrection et la vie. Parce qu’il évoque une victoire de la vie, beaucoup mettent foi en lui, ce qui provoque la réaction des religieux qui décident de le tuer. La mort de Jésus est confirmée par l’onction à Béthanie qui préfigure sa sépulture.

Premier paradoxe : il va être mis à mort pour avoir proclamé un évangile de vie.

Deuxième paradoxe : il va être mis à mort, mais sa mort sera sa gloire.

Il va falloir déplier ces paradoxes.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Mon heure est venue

Mon heure est venue. Jusqu’à maintenant dans le quatrième évangile, l’heure n’était pas encore venue[1] et l’heure allait venir[2] ; c’est maintenant l’heure du Fils de l’homme. Le récit se situe juste après les Rameaux qui introduisent la dernière semaine de la vie terrestre de Jésus. Il voit arriver l’heure de sa mort, l’heure où il va être glorifié.

La gloire chez Jean

Dans le quatrième évangile, la gloire de Jésus évoque la croix. Un thème classique en théologie est la tension entre la théologie de la gloire qui insiste sur la victoire du Christ et sur sa présence glorieuse aux côtés du père, et la théologie de la croix qui évoque l’abaissement du Christ, la solitude du grain qui pourrit en terre. C’est la tension entre la mort et la résurrection. Chez Jean, c’est deux théologies se rejoignent puisque la gloire est la croix, et la croix est la gloire.

Pistes d’actualisation

La Transfiguration et Gethsémani

Nous trouvons dans ce passage, deux parallèles avec des passages clefs des évangiles synoptiques qui ne se trouvent pas chez Jean.

Le premier est le récit de Gethsémani dans lequel Jésus mène le combat de la prière pour rester dans la volonté de père jusqu’à la croix. Ici, après avoir évoqué la croix, le récit dit que son esprit est troublé. Il demande au père de le sauver de cette heure, mais il sait qu’il est venu pour cette heure. Jésus sait que son obéissance le conduit à la croix, mais dans son humanité, il ne veut pas souffrir. Qui ne le comprend ?

Le second parallèle est le récit de la transfiguration. Au moment où Jésus annonce qu’il va mourir, une voix vient du ciel pour parler de sa glorification. Nous avons interprété le récit de la Transfiguration comme la confirmation de la passion que Jésus venait d’annoncer.

La logique de la croix

Le grain qui meurt est enfoui en terre et il pourrit jusqu’à perdre la vie, mais de ce pourrissement un épi va naître. Paul reprend cette image dans son chapitre sur la résurrection qui dit notre corps terrestre est comme une graine appelée à mourir en terre alors que notre corps céleste est la plante qui germe de la graine.

L’articulation entre la graine qui meurt et la vie est la réponse à la décision des chefs religieux de faire mourir Jésus. Ils pensaient se débarrasser de lui en le clouant à la croix, mais sa mort va faire éclater sa gloire et permettra à son évangile de se répandre jusqu’aux extrémités de la terre.

La manifestation de Dieu à cause de nous

Après qu’une voix s’est fait entendre, Jésus dit : Ce n’est pas à cause de moi que cette voix s’est fait entendre, mais à cause de vous. On peut même entendre que cette voix est une réponse adressée aux Grecs qui veulent savoir qui et Jésus.

Souvent, nous comprenons les manifestations de Dieu comme des marques d’une grande foi, mais Jésus nous apprend qu’elles sont données à ceux qui ont une petite foi. Si nous avions vraiment la foi, nous n’aurions pas besoin de manifestations spéciales pour croire, l’évangile nous suffirait. Mais comme notre foi est infirme, il arrive que Dieu, par sa grâce, nous adresse des signes comme des petits clins d’œil.

Une illustration : La parabole du grain de blé

Dans son grenier, le grain de blé est heureux. Il règne une douce chaleur et personne ne vient l’embêter. Un jour il est mis en sac, bousculé, transporté jusqu’au moment où il sent une main le saisir. Il est jeté en l’air et tombe dans une terre, froide. Il s’enfonce dans une atmosphère sombre et humide. Il est seul et, avec le temps, il sent que l’humidité fait craquer son épiderme. Elle pénètre jusqu’au plus profond de son être. Dans la nuit, le froid et la solitude il meurt doucement. Quelque temps plus tard, une jeune pousse sort du grain et se dirige vers le haut. Elle traverse la terre et arrive à la lumière. Lorsque le printemps paraît, la pousse se transforme en tige, puis en épi, et chaque épi donne trente, soixante, cent grains nouveaux qui donneront naissance eux-mêmes à des milliers, des millions de fruits.

[1] Jn 2.4, 7.30, 8.20.

[2] Jn 4.23, 5.25.

Pour aller plus loin :
Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Jean 12, 20-33 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-18-mars-gloire-a-croix/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis